En 2005, le Nouvel An chinois tombera le 9 février. L’année qui commencera alors sera celle du Coq de Bois.
On peut s’étonner que le Nouvel An chinois change de date tous les ans. C’est que le calendrier traditionnel ici, en égrainant ses mois, ne suit pas exactement le cours du soleil. A l’instar de calendriers tels que celui de l’Eglise romaine - toujours utilisé pour la fixation de la fête de Pâques - ou celui des Israélites, le calendrier chinois est luni-solaire. La lunaison étant plus courte d’un jour environ que le mois solaire, l’année lunaire est plus brève d’une dizaine de jours que l’année solaire. Pour suivre le rythme saisonnier qui dépend de la course apparente du soleil autour de la Terre, un point essentiel pour la société agricole, les Chinois ont cherché un équilibre entre leur calendrier lunaire et l’année solaire. Les écarts entre les deux cycles étant réguliers, une treizième lunaison est alors ajoutée de temps à autre à l’année lunaire pour rattraper le retard accumulé.
La différence entre les divers calendriers luni-solaires en usage à travers le monde repose sur des considérations religieuses, civiles, pratiques, géographiques ou agricoles pour la fixation du commencement de l’année, des fêtes et du treizième mois supplémentaire.
En établissant leur calendrier, les Chinois sont restés plus proches des phénomènes célestes. Le Nouvel An est le jour de la nouvelle lune (son éclipse) qui tombe un mois [solaire] après le solstice d’hiver. En conséquence, le Nouvel An chinois a lieu entre le 21 janvier et le 22 février.
Par ailleurs, pour compter le temps, les Chinois ont regroupé les années dans un grand cycle conventionnel de 60 ans basé sur une double numération, à la fois décimale et duodécimale. A l’intérieur d’un même cycle sexagésimal, selon la numération duodécimale, il y aura 5 périodes de 12 années, chacune correspondant aux 12 signes du zodiaque chinois - dans l’ordre le Rat, le Buf, le Tigre, le Lièvre, le Dragon, le Serpent, le Cheval, la Chèvre, le Singe, le Coq, le Chien et le Cochon. Ces mêmes années se succèdent également selon la numération décimale et sont placées deux à deux sous le signe d’un des cinq éléments fondamentaux de la tradition chinoise - dans l’ordre, le Bois, le Feu, la Terre, le Métal et l’Eau. Par cette double numération, qui se répète tous les 60 ans, chaque année est donc placée sous le signe d’un animal du zodiaque et d’un élément fondamental. Ainsi, à 2005, correspond l’année chinoise du Coq de Bois.
C’est selon ce schéma que l’astrologie chinoise classe les individus en fonction de leur date de naissance. Aux caractéristiques générales émanant du signe zodiacal, se superposent de subtiles subdivisions cosmographiques que sont le mois, le jour et même l’heure, et c’est tout un ensemble de données cosmologiques qui sont prises en compte pour dresser l’horoscope et tenter de deviner la destinée d’une personne.
Seul animal à deux pattes et à plumes parmi les signes du zodiaque chinois, le Coq, représentatif de toute la gent volatile, se distingue par l’unicité de ses traits. Il est le héraut de l’aube, prévenant le monde qu’une nouvelle journée va commencer. Sans se soucier des heures de la nuit qui passent et prenant à peine le temps de dormir, il chante cependant toujours à l’heure, sans jamais rater le lever du soleil. Cela peut paraître banal mais, en fait, c’est un de ses atouts les plus importants, la ponctualité, qui est devenue en quelque sorte son trait caractéristique.
Pour les Chinois, le Coq a encore 4 vertus principales. La première est la rigueur martiale que lui confèrent les ergots terribles qu’il porte aux pattes ; puis le courage, car il ose attaquer un ennemi ou braver un danger. A la ferme, lorsque les graines à picorer sont jetées, il appelle tous les siens pour partager le festin, incarnant alors une forme de justice dans l’esprit des Chinois ; la dernière vertu qui lui est attribuée, c’est sans doute la confiance qu’on peut avoir en lui, car, veillant la nuit, il n’oubliera jamais de réveiller son entourage au petit matin.
Parmi les autres qualités que lui prête aussi la tradition chinoise, le Coq a le pouvoir d’écarter les mauvaises influences et de maintenir la bonne fortune autour de lui. Ainsi, en taiwanais, les termes khi-ké (« se lever [en même temps que] le coq ») sont par homophonie l’équivalent de l’expression « établir la bonne fortune de sa famille ».
Les natifs du Coq sont des personnes actives, relativement douées et qui hésitent longtemps avant de prendre une décision importante. Aimant brasser les affaires, ils se dévouent de toute leur âme au dessein qu’ils se sont fixé. Certains sont assez égocentriques mais ils sont toujours dotés d’une grande franchise. Ils croient avoir raison, nonobstant les objections de leur entourage. Peut-être pour cette raison, ils paraissent parfois délaissés par les leurs et donnent l’impression de rechercher l’aventure. Ils étonnent souvent par la justesse de leur choix que l’avenir confirme.
Sûrs d’eux-mêmes, ils n’ont pas peur de traverser des hauts et des bas. En amour, dans leur vie professionnelle ou celle de tous les jours, les Coqs s’entendent bien avec des partenaires natifs du Buf, du Serpent et du Dragon qui savent les apprécier à leur juste valeur.
Parmi les natifs du Coq célèbres en Chine ou à Taiwan, on retiendra notamment l’empereur Xuanzong [玄宗] des Tang, de son vrai nom Li Longji [李隆基] (685-762), qui, intronisé en 612, eut un brillant règne, mais dut lutter contre une redoutable sédition qui finalement l’obligea à quitter le pouvoir en 756. Un contemporain, le philosophe-historien Liu Zhiji [劉知幾] (661-721), a permis par son analyse objective de l’histoire à élaborer une vision plus critique des Classiques. Peu après, on note aussi l’homme de guerre Qiu Shiliang [仇士良] (781-843) qui servit brillamment l’empereur Wuzong [武宗] des Tang dans sa lutte contre les peuples frontaliers turbulents et convoiteurs.
Plus proches de nous dans le temps, on citera Liu Yongfu [劉永福] (1837-1917), qui, an cien chef des Pavillons noirs, lutta vaillamment contre les Français au Tonkin, avant de se trouver dix ans plus tard en 1895, à Taiwan, opposé à l’invasion des Japonais puis de prendre la tête de l’éphémère république de Taiwan. Autre natif du signe, le général Cen Chunxuan [岑春煊] (1861-1933), collaborateur de Sun Yat-sen [孫逸仙], soutint activement le gouvernement républicain à Canton pendant la période des Seigneurs de la guerre. Quant au financier O.K. Yui [俞鴻鈞] (1897-1960), il a fortement contribué à asseoir l’économie de Taiwan et à son décollage dans les années 50, notamment lorsqu’il fut Premier ministre, de 1954 à 1958. ■